samedi 31 janvier 2009

CASOAR ET CHAUVE-SOURIS

Après l'île de New Britain nous avons eu deux escales sur l'île principale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans les ports de Lae puis Madang.
Lae a mauvaise réputation, elle est considérée comme une ville dangereuse, terrain de séquelles de luttes plus ou moins tribales ou plus simplement d'agressions de la part des "rascals" sans argent et violents. On nous avait prévenus : pas de balade individuelle, pas de promenade à pied dans la ville. Notre sortie a donc eu lieu en groupe dans une sorte de fourgon blindé d'un service de sécurité, aux vitres couvertes d'un grillage très serré, le vrai panier à salade. Aller-retour rapide vers un coin de forêt tropicale sur le domaine d'une Université, avec mur d'enceinte continu, rouleau de barbelés, gardes armés de fusils. Cool, le tourisme ! Seul élément notable de la petite collection de volatiles exotiques du mini-zoo : le casoar, sorte d'autruche noire courte sur pattes aux yeux jaunes méchants, au long bec très pointu et surtout au crâne multicolore et blindé, surmonté qu'il est par une grosse calcification lui servant de marteau-pilon. Drôle de bestiau...
Madang est beaucoup plus tranquille, dans une échancrure du rivage parsemée de petites îles à la jolie végétation (bon, si on aime les cocotiers, bien entendu). Joli marché, des dames y roulent des feuilles de tabac séché dans du papier-journal, cela fait les plus longues cigarettes du monde. La ville est occupée par des milliers de très grandes chauve-souris noires accrochées en haut des arbres, elles se ventilent en bougeant lentement leurs ailes immenses (environ 60 cm), le tableau d'ensemble est assez sinistre. Leur pépiement suraigu fait un boucan d'enfer. Elles envahissent la ville chaque après-midi, personne n'a jamais compris pourquoi. De leur fait l'aéroport local ferme a 16 heures. Quand je pense qu'Anduze se plaint de ses gentils passereaux des soirs d'été !
Double coup de sirène dans le port, le chargement est terminé, départ avec deux heures d'avance, tout le monde à bord, un cargo ça n'attend pas. Adieu la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

mardi 27 janvier 2009

ENTRE DEUX ILES, DES LECTURES

Un jour complet en mer, il y avait un certain temps que cela ne nous était pas arrivé. Après Rabaul-la-grise nous avons fait escale à Kimbe, autre ville de la même île. Rien de spécial à en dire, sinon que j'ai vu un énorme crocodile dans une cage, la voisine étant cyniquement occupée par des centaines de canards.
Entre les deux un vague treillage seulement. Alors, au choix :
1) le crocodile a déjà mangé tellement de canards qu'il en a marre et ne les regarde même plus ?
2) c'est le seul crocodile végétarien au monde ?
3) il s'agit d'un test philosophique sur l'union des contraires, genre yin et yang ?
Pendant ce temps le cargo pompait des milliers de tonnes d'huile de palme.
Je profite de ce moment suspendu pour vous parler de mes lectures. L'espace-temps local se partage en deux :
- dans ma cabine je lis ce que j'ai stocke sur mon ordinateur avant le départ, donc de la vieillerie en libre-accès : Balzac, Dumas, Hugo, Verne et les autres, ces géants de la littérature. Pour les bretons qui ne l'auraient pas encore lu je recommande instamment "1793" du cher vieux Victor, quel souffle, quel génie des mots et de l'assemblage des mots les plus tragiques !
- sur les ponts, au soleil ou à l'abri selon le temps, les "vrais livres", presque tous sur les grandes horreurs de notre petit monde contemporain. En vrac John Le Carré et la paranoïa anti-terroriste, Roberto Saviano et le règne de la Camorra, Eric Schlosser et la gangrène du Fast-Food, Littel père sur la CIA ou fils sur le nazisme tranquille, n'en jetez plus, l'océan est plein...
Un rayon de rire au travers de tant de sombres nuées littéraires : PG Wodehouse et son inimitable Jeeves, caustique description de la "bonne" société anglaise d'avant-guerre. Mais quand je regarde mon îlot britannique ambulant, je constate que les sociétés archaïques ont bien des survivances, pas seulement chez les papous.

samedi 24 janvier 2009

POMPEI PAPOU


En 1994 Rabaul avait environ 30.000 habitants. Les signes avant-coureurs d'une grosse éruption ont permis l'évacuation rapide de cette population juste à temps.
Aujourd'hui cette ville n'existe plus. En trois jours la cendre a tout écrasé, tout nivelé. La plus grande avenue n'est plus qu'une double tranchée entre des congères de cendres. Sur une éminence une rotonde avec balustrade en béton domine de son orgueil brisé une plaine grise. Les anciennes rues sont effacées, le seul chemin sur pour les véhicules est balisé par des bâtons avec des sacs en plastique en guise de fanions. Ici ou là émerge le squelette de béton d'une banque ou d'une administration. Les escaliers du grand cinéma ont été dégagés mais ils ne mènent plus nulle part. Un panneau dérisoire indique encore le chemin d'un Yacht-Club effacé.
Voir Pompei d'il y a 2000 ans c'est pittoresque et instructif. Mais voir Rabaul d'il y a 15 ans cela serre le coeur. Le guide de la bibliothèque du bord est de 1990, d'avant le déluge noir et gris : il vante les charmes de cette ville hospitalière, en plein développement.
En 1943 Rabaul était la principale forteresse des japonais dans le Pacifique. Plus de 100.000 soldats y avaient fait creuser par leurs prisonniers et la population locale des centaines de kilomètres de galeries souterraines. Ile forteresse si bien défendue que les américains ne l'avaient même pas attaquée, se bornant à la bombarder intensément. Rabaul avait été entièrement rasée... S'il y a des lieux maudits, Rabaul en est un.
Normalement ce sol de cendres devrait être fertile, mais pas ici car de la nouvelle cendre continue à se déposer couche après couche, sous le vent des éruptions quasi permanentes.
L'ancienne ville n'est plus rien qu'un désastre, des préfabriqués ont repoussé a l'ouest, là ou il restait encore des traces de rues, de nouvelles villes se sont développées plus loin. La poussière de cendres est partout mais de beaux enfants couleur chocolat plongent dans l'eau turquoise de la baie, le soleil tape fort sur les parapluies multicolores des matrones des marchés, les jeunes gens sont rieurs. Comme partout, avec ou sans volcan.

jeudi 22 janvier 2009

AU DESSOUS DU VOLCAN

Nous sommes arrivés dans l'après-midi à Rabaul, ile de New-Britain, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Or cette petite ville a la rare et peu enviable caractéristique de se trouver en plein centre d'un vaste champ de volcans dont l'un, le Tavurvur, est encore actif, très actif. Après une grosse éruption en 1994, qui a pratiquement détruit la ville, les habitants ont plus ou moins reconstruit ce qu'ils ont pu au même endroit.
De très loin nous avons pu voir les volutes de fumée monter au-dessus de l'océan, puis, en nous rapprochant, les détails se sont précisés : toutes les quelques minutes une nouvelle éruption envoie dans le ciel un gros bouchon noir et gris de cendres, il est précédé ou accompagné de projections de pierres noires.
Le volcan actuel est assez bas, environ 200 mètres, il est dominé par ses voisins et prédécesseurs plus imposants.
Passagers et marins qui le peuvent sont sur les ponts pour ne rien perdre de ce spectacle très impressionnant, jusqu'au moment où une saute de vent nous met directement sous le nuage de cendres, comme une grêle de sable gris, fuite générale vers l'intérieur.
Le bateau se met à quai, nous sommes a cinq kilomètres du cratère et plus ou moins sous ses fumées, cela dépend du vent. Le travail des dockers commence aussitôt, il y a 150 conteneurs a décharger et autant à charger ensuite.
La nuit venue on voit le cratère rougeoyer quand il a une éruption, de temps à autre c'est un vrai feu d'artifice de pierres incandescentes qui montent en colonne avant de retomber en dessinant le profil des pentes du volcan.
Il neige de la cendre sans interruption, le bateau est déjà tout gris.
Demain, si c'est possible, nous sortirons en minibus pour voir un peu la ville et une partie de l'ile.

lundi 19 janvier 2009

ILE DE GUADALCANAL - VILLE D'HONIARA

Nous sommes restés deux jours à quai dans cette ville. Le premier était un dimanche très pluvieux, pas de chargement possible, tout était fermé sauf les églises, immenses et bondées des nombreuses religions, ainsi que les magasins ou restaurants chinois. Le long du port, très grands mouvements de bateaux divers aussi délabrés les uns que les autres, emportant ailleurs des foules colorées et des amas de marchandises.
Lundi temps magnifique, à quelques uns nous avons fait un tour sur les sites des furieuses batailles de 1942-43. C'est la qu'américains et japonais se battirent à terre pour la première fois. L'ile de Guadalcanal, d'abord occupée par les japonais, contrôlait des lignes de communications vitales entre l'Australie et les Etats-Unis, d'où l'acharnement des combats finalement gagnés par les américains. Des dizaines de milliers de morts, une cinquantaine de bateaux coulés dans la baie. Mais les traces de cette guerre disparaissent, peu de monuments commémoratifs, très tardifs au demeurant. C'est une entreprise japonaise de travaux publics qui a construit celui des américains, business is business.
Guadalcanal fait partie de l'archipel des Iles Salomon, ainsi nommées au 17ème siècle d'après une légende de Papouasie situant vers l'Orient des îles aux grands trésors. Grosse déception initiale, mais l'ironie veut qu'on y ait découvert trois cents ans plus tard d'importantes mines d'or, maintenant épuisées. Comme quoi, avec un peu de patience... En attendant les deux ressources principales restent ici le thon, en voie de raréfaction, et le coprah, dont le prix a été divisé par deux en huit ans. Bienvenue dans le 21ème siècle !
Prochaine escale à Rabaul, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. L'aéroport vient d'y être fermé pour cause d'excès de cendres projetées par le volcan local, toujours actif.

vendredi 16 janvier 2009

VANUATU - VILLE DE SANTO

Toute petite ville que Santo, une seule longue rue sur laquelle se trouvent tous les commerces, le port à un bout et le marché à l'autre. La monnaie locale, le Vatou, est bilingue anglais-francais, les habitants parlent divers dialectes et le pidgin, genre d'anglais phonétique simplifié. "Merci beaucoup" se dit par exemple "Sankia toumas". Les panneaux d'interdiction portent le mot TABU.
La grande affaire pour les hommes du pays c'est le kava. Liqueur non alcoolique extraite d'une racine du même nom, c'est une drogue légale largement consommée dans les bars à kava ou dans les cases communautaires des villages. Autrefois c'étaient les jeunes garçons qui préparaient ce breuvage en mâchant longuement les racines. Le kava a des propriétés anesthésiantes et oniriques, il ne rend pas violent et provoque le sommeil. Il a l'apparence et l'odeur d'une vieille eau de vaisselle, au goût c'est pire encore. Je vous raconte tout cela pour votre formation ethnographique car pour ma part je n'en ai pas vu, je n'en ai pas bu, mais j'en ai beaucoup entendu causer.
Santo a été en 1942-43 une base importante des américains pour leur lente reconquête du Pacifique, des centaines de milliers de soldats y sont passés dont John Kennedy dont le patrouilleur y était basé. Ici et la traînent des vestiges de ce temps, hangars semi-tubulaires en tôle ondulée qui servent encore, pistes d'atterrissage mangées par la végétation, débris rouillés de véhicules ou d'équipements.
La seule ressource touristique de l'ile est la plongée sous-marine, mais ce marche s'écroule, trop loin de tout, trop pauvre, pas assez à la mode.
Il y a sur le bord de la ville un petit casino qui ne paye pas de mine, c'est sans doute le seul au monde où l'on puisse jouer son Vatou sans craindre de se ruiner...

jeudi 15 janvier 2009

VANUATU - ILE D'ESPIRITU SANTO

Là nous avons enfin fait les touristes, comme il se doit quand même de temps en temps. La compagnie nous a offert un tour en minibus, j'ai mis pour l'occasion ma chemise à grosses fleurs de couleurs vives, celle que j'ai achetée dans une ile précédente et que je ne suis pas certain de pouvoir porter à Paris.
Nous avons traversé des cocoteraies pleines de cocotiers sous lesquels paissent tranquillement des boeufs charolais, les deux produits d'exportation de l'ile étant le coprah (écorce séchée de noix de coco) et la viande.
Les voitures roulent a droite ("The wrong side" disent nos aimables anglais), ce qui est exceptionnel sous ces latitudes, voila pourquoi : vers 1900 les français et les anglais avaient décidé d'administrer ensemble ces îles, à l'époque les Nouvelles Hébrides. Mais de quel côté de la route faire circuler les voitures ? Après les échanges cordiaux, fermes mais néanmoins courtois, qu'on peut supposer, les co-gouverneurs locaux décidèrent dans leur sagesse de s'en remettre au hasard. Ce serait la première voiture à débarquer qui en déciderait, ce fut celle d'un missionnaire français...
Je vous laisse imaginer la baignade dans l'eau turquoise d'une plage appelée Champagne au délicat sable blanc, le pique-nique sous les flamboyants avec des ananas, papayes et autres mangues locales, si j'insiste trop je crains pour votre tension de malheureux hivernants.
Retour sous la pluie dense d'un petit orage tropical, le temps varie très vite ici et le ciel change en quelques minutes son azur radieux contre de gros nuages noirs qui crèvent sur votre tête ou vont rapidement voir plus loin.
En revenant au bateau nous apprenons qu'a cause de la pluie le chargement du coprah, très lent et compliqué du fait des faibles moyens techniques locaux, a plusieurs fois été interrompu, nous serons encore ici demain matin.
Donc à suivre...

mardi 13 janvier 2009

UNE SI JOLIE PETITE BAIE

Arrivés à Port-Vila (Vanuatu) en fin d'après-midi nous avons pu admirer sa jolie petite baie, et puis l'admirer encore et encore... Car après y avoir jeté l'ancre, à cause d'un vilain gros cargo tout rouillé qui occupait déjà le seul quai, nous avons dû attendre qu'il veuille bien dégager pour pouvoir prendre sa place. C'est ainsi que nous avons attendu toute la soirée (joli coucher de soleil sur la baie), la nuit (belle pleine lune sur la baie), le matin (charmant lever de soleil sur la baie), l'après-midi (chaleur lourde et humide dans la baie), et une autre soirée (attention aux moustiques de la baie).
Nous avons enfin accosté sur le fameux quai unique mais il faisait nuit, trop tard pour aller dans la ville qui se trouve loin du quai et tout au fond de la baie. Pas de taxis et plus rien d'ouvert.
Vous vous demandez peut-être pourquoi nous sommes restés sur notre bateau à l'ancre dans la baie tout au long d'une belle journée, à moins de cent mètres du rivage ? Nous aussi nous nous sommes posés cette intéressante question, la réponse étant qu'il n'était pas question de débarquer sans passer par la douane, or la guitoune de la douane est sur le quai et elle n'ouvre qu'après la mise à quai des bateaux, CQFD...
Travail des dockers et de l'équipage toute la nuit. Ceux qui ne sont pas de service pêchent à la lumière des projecteurs du bateau, demain on aura peut-être au menu du poisson de la baie.
Départ au petit matin avant 6 heures en raison de l'arrivée d'un navire de croisière, seigneur de la mer qui ne saurait attendre, lui !
Ainsi va la vie du voyageur en cargo.
Si l'Office du Tourisme de Port-Vila cherche un rédacteur pour la page "Notre magnifique baie" de sa brochure annuelle je suis candidat, j'estime avoir maintenant la qualification requise.

samedi 10 janvier 2009

NOUVLLE CALEDONIE - NOUMEA

Nous ne sommes restés qu'une journée à Nouméa, pas le temps de faire tout ce que j'aurais voulu. Mais comme le dit un proverbe kanak : "Il vaut mieux trouver une bonne papaye que deux mangues pourries".
Journée presque professionnelle pour moi. Après le marché dans lequel j'achète de la poudre de coco (la noix de, pas l'autre, qu'est-ce que vous croyez ?) je vais rendre visite a Pierre Faessel qui dirige la grande et belle librairie Montaigne, juste à l'un des bouts de la Place des Cocotiers, à l'autre bout ce n'est que l'Hôtel de Ville. Puis, après avoir acheté une règle et un compas pour mes dessins, je retrouve mes amis Cathie et Gilbert, chargés de préparer ici un ambitieux projet de Maison du Livre. Ils ont bon espoir de franchir les nombreux obstacles inhérents à tout projet fédérateur et novateur comme celui-ci pourrait l'être. Ils aiment la Nouvelle-Calédonie et la mer qui l'entoure. Délicieux déjeuner au bord de l'eau dans les restes aménagés d'un ancien bâtiment pénitentiaire.
Pour bien poursuivre un après-midi déjà fort entamé ils me conduisent au centre culturel Tjibaou, magnifique réalisation de l'architecte Renzo Piano, qui a su transformer le coin perdu qu'on lui concédait en exemplaire lieu de mémoire et d'espoir. Mais il faut le dire, de mon point de vue de visiteur superficiel, Nouméa semble avoir encore du chemin à faire sur la voie de l'intégration de la culture kanak dans sa vie urbaine : les rues et les statues sont par exemple toutes consacrées aux coloniaux civils et militaires les plus notoires, alors que dans les régions déjà abordées dans ce voyage, Iles Fidji, Nouvelle-Zélande, et même un peu Tahiti, un effort d'équilibrage ou de re-fondation est évident...
Départ le lendemain matin, le bateau évolue entre des iles totalement dépourvues de constructions, on a l'impression de les voir dans l'état où les ont découvertes les navigateurs des siècles passés.

mercredi 7 janvier 2009

LE VIF DU SUJET

Nous allons arriver à Nouméa, j'irai voir la librairie Montaigne avec qui je correspondais du temps lointain où j'étais parisien. Montaigne chez les kanaks, le choc des cultures pour le meilleur après avoir tant traîné du côté du pire ?
Nous entrerons ainsi dans ce qui réprésente la principale raison d'être de cette ligne de cargos, le cabotage d'une île à l'autre et, sur les rivages de ces îles, d'un port a l'autre. Nous irons au Vanuatu (Port-Vila et Santo), aux Iles Salomon (Guadalcanal/Honiara), en Papouasie-Nouvelle-Guinee (cinq ports successifs annoncés), aux Philippines (Général Santos), en Malaisie (Miri et Bintulu), à Singapour, puis retour en Malaisie avec le port de Klang, qui est l'ouverture sur la mer de Kuala-Lumpur. Et enfin, pas mal plus loin et beaucoup plus tard, Suez et Hambourg.
Que de noms exotiques et combien de micro-civilisations dont je n'avais qu'une très faible idée jusqu'ici ! Heureusement des passagers précédents ont laissé dans la bibliothèque du bord divers livres et guides, ce qui permet d'aller sur le motif avec quelques précieuses informations.
Bien évidemment tout cela reste sujet à modifications inopinées selon les chargements et le temps. Car, comme le commandant ne cesse de le rappeler à nos cerveaux amortis par l'âge et engourdis par le roulis : "We are on a cargo-ship...".

lundi 5 janvier 2009

NOUVELLE ZELANDE - AUCKLAND


Nous sommes arrivés à Auckland un beau dimanche d'été tout ensoleillé, c'est une vraie petite Californie. Des millions de cyclistes, ceux qui ne pédalent pas font du jogging, les autres se livrent à divers sports. Quelques déviants glandent sur l'herbe des nombreux beaux parcs, tout simplement. Les gratte-ciels enrobés de verre qui entourent sur les collines de vieilles maisons victoriennes en bois renforcent l'impression d'être a San-Francisco.
Une épuisante tournée des musées m'a précisé l'histoire des Maoris, qui occupaient ces îles avant l'arrivée spoliatrice des européens. Merveilleux sculpteurs sur bois, malgré l'absence d'outils en métal, pour leurs maisons cérémonielles ou leurs bateaux.
Pour l'équipage du cargo les journées d'escale sont épuisantes car elles se passent à décharger puis recharger les soutes et les ponts. Ceux qui ne sont pas à la manutention réparent ou repeignent tout ce qui n'est pas accessible pendant les jours de mer.
Quatre passagers nous ont quittés, pour reprendre un bateau suivant de la même ligne dans un ou deux mois. Un autre nous a rejoints, un finnois, vieil habitué des voyages en mer, sur voiliers ou cargos. Et deux nouveaux cadets se sont ajoutes aux deux premiers, je suppose qu'ils savent déjà qu'ils vont dérouiller...
C'était étrange de se retrouver dans une grande ville moderne. Et c'est vrai qu'on garde l'impression que le sol tangue ou roule toujours un peu. Par prudence je me suis donc abstenu de faire du vélo.

samedi 3 janvier 2009

DEUX OU TROIS CHOSES QUE JE SAIS D'ELLE

La Nouvelle-Zélande, notre nouvelle escale demain, se situe résolument dans les confins obscurs de ma culture, je n'ai en tête à son propos que deux ou trois clichés, les kiwis, les moutons, les all-blacks et presque rien d'autre.
Notre traversée droit vers le sud a changé la position des couchers de soleil, ils se trouvent maintenant à tribord (que j'arrive maintenant à identifier sans trop me tromper, ce n'est pas comme la latitude et la longitude que je mélange encore).
Avant de toucher terre à Auckland nous passerons successivement entre les îles des trois rois et celle des trois chevaliers. Riche symbolique sans doute, moins directement intelligible que celle de la barrière des récifs de corail, dont je crains que nous ne puissions pas voir grand chose du haut de notre brave tas de ferraille de dix étages.
A propos de chevalier j'ai le plaisir d'apprendre à ceux qui ne l'auraient pas lu dans la presse française que l'immense écrivain Terry Pratchett a été fait Chevalier pas Sa Très Gracieuse Majesté (enfin une nouvelle intéressante dans Britain Today), on est désormais pries de lui dire Sir. Et de le lire si on ne l'a pas déjà fait, et si on aime les mondes imaginaires.

vendredi 2 janvier 2009

TURLUTUTU - TOOT-TOOT

Des petites fêtes ont été organisées sur notre village flottant, comme il se doit, pour les nuits des 25 et 31 décembre. Pour Noël tout le monde portait un bonnet rouge à pompon blanc, pour la Saint-Sylvestre c'était un chapeau pointu.
Alcools à volonté offerts par la Compagnie, garantie de rires et de complicités sincères ou factices, c'est l'universelle loi du genre.
Pour que tout le monde à bord sans exception puisse se trouver au même endroit au même moment, la dernière minute de 2008 a réuni les 42 habitants du coin sur la passerelle autour de l'officier de quart qui n'aurait sous aucun prétexte pu quitter son poste. Et un toast à la Reine (celle des anglais, pas la notre) a rempli puis vidé les verres de champagne australien.
Particularité de notre état marin : notre sirène a vigoureusement proclamé la solennité de l'instant en mugissant dans la brume et la pluie tropicale, sans crainte de réveiller les habitants les plus proches qui se trouvent à des centaines de kilomètres. Je suppose qu'il en va de même sur tous les bateaux du monde entier. Ce qui, compte tenu des fuseaux horaires, fait un émouvant collier de coups de sirènes tout autour de la terre, pendant une longue nuit qui dure toute une journée.