samedi 24 janvier 2009

POMPEI PAPOU


En 1994 Rabaul avait environ 30.000 habitants. Les signes avant-coureurs d'une grosse éruption ont permis l'évacuation rapide de cette population juste à temps.
Aujourd'hui cette ville n'existe plus. En trois jours la cendre a tout écrasé, tout nivelé. La plus grande avenue n'est plus qu'une double tranchée entre des congères de cendres. Sur une éminence une rotonde avec balustrade en béton domine de son orgueil brisé une plaine grise. Les anciennes rues sont effacées, le seul chemin sur pour les véhicules est balisé par des bâtons avec des sacs en plastique en guise de fanions. Ici ou là émerge le squelette de béton d'une banque ou d'une administration. Les escaliers du grand cinéma ont été dégagés mais ils ne mènent plus nulle part. Un panneau dérisoire indique encore le chemin d'un Yacht-Club effacé.
Voir Pompei d'il y a 2000 ans c'est pittoresque et instructif. Mais voir Rabaul d'il y a 15 ans cela serre le coeur. Le guide de la bibliothèque du bord est de 1990, d'avant le déluge noir et gris : il vante les charmes de cette ville hospitalière, en plein développement.
En 1943 Rabaul était la principale forteresse des japonais dans le Pacifique. Plus de 100.000 soldats y avaient fait creuser par leurs prisonniers et la population locale des centaines de kilomètres de galeries souterraines. Ile forteresse si bien défendue que les américains ne l'avaient même pas attaquée, se bornant à la bombarder intensément. Rabaul avait été entièrement rasée... S'il y a des lieux maudits, Rabaul en est un.
Normalement ce sol de cendres devrait être fertile, mais pas ici car de la nouvelle cendre continue à se déposer couche après couche, sous le vent des éruptions quasi permanentes.
L'ancienne ville n'est plus rien qu'un désastre, des préfabriqués ont repoussé a l'ouest, là ou il restait encore des traces de rues, de nouvelles villes se sont développées plus loin. La poussière de cendres est partout mais de beaux enfants couleur chocolat plongent dans l'eau turquoise de la baie, le soleil tape fort sur les parapluies multicolores des matrones des marchés, les jeunes gens sont rieurs. Comme partout, avec ou sans volcan.

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