Voltaire, revenant d'un voyage en Hollande, disait qu'il n'y avait vu que "des canaux, des canards et des canailles". Pour ce qui me concerne (toute révérence gardée) passons discrètement sur les canailles, nous ne sommes pas encore rentrés à bon port, oublions les canards que l'on voit partout sous des formes diverses, restent les canaux, parlons donc des canaux.
Mon premier était vert, tropical, nocturne, chaud et humide. Mon second fut jaune, désertique, diurne, froid et sec. Oui, froid, seulement une vingtaine de degrés avec un vent coupant, une vraie misère ! Les gros chandails sont réapparus, le mien sentait fort la naphtaline papoue, j'avais eu une invasion de mites des Fidji qu'il m'avait fallu combattre énergiquement en mer de Chine.
Revenons à Suez et son canal : grand ruban bleu courant à l'origine à travers des étendues désertiques, c'est maintenant une voie d'eau qui longe d'immenses banlieues bâties de briques et de broc, encore séparées par des cultures maraichères et des villages avec ânes et chameaux, mais visiblement cela ne devrait pas durer. Sur le versant Sinaï beaucoup moins de constructions, juste du sable et des casernes, énormément de soldats en armes et de véhicules militaires.
Les cargos se suivent en convois, les croisements se font sur des voies séparées, on dirait que ceux d'en face roulent sur le sable plutôt que de voguer sur leur chenal. C'est assez frustrant de n'avoir aucune documentation historico-technique, tout le monde se promet de travailler le sujet au retour, autant en emportera sans doute le vent du désert...
Arrivée en soirée dans les bras de notre mère méditerrannée, aujourd'hui mâratre un peu grognon qui donne de belles moustaches d'écume au cargo quand il pique du nez dans les grosses vagues.
Il nous reste à faire le tour de l'Espagne, du Portugal et de la France avant de débarquer a Hambourg le 23 mars, au 128eme jour de ce long voyage.
mercredi 11 mars 2009
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