jeudi 5 mars 2009

LA MER ROUGE ETAIT VERTE

Nous avons mis près de deux jours à parcourir le "couloir de sécurité" qui longe la côte sud du Yemen. Vitesse maximum pour tous les navires, extinction des feux la nuit et blackout complet des hublots, la doctrine actuelle consiste à essayer de se faire rapide et discret... Pour ce qui nous concerne nous avons été presque constamment escortés par un petit bateau de guerre, ce privilège étant peut-être dû à notre cargaison d'explosifs qu'il ne fallait pas laisser tomber entre n'importe quelles mains. Pendant ces deux jours plusieurs attaques de pirates ont eu lieu dans cette zone pourtant bien surveillée, mais immense. Deux d'entre elles ont réussi, les pirates réussissant à prendre pied a bord. Dès ce moment les forces navales se retirent, une priorité absolue étant donnée à la protection des personnes. Le petit commerce local semble donc encore prometteur, malgré les tentatives de dissuasion.
Nous sommes passés entre Aden et Djibouti (une pensée pour Nizan et Rimbaud) pour entrer dans le golfe de Suez qu'il nous faudra cinq jours pour remonter, nos vieux moteurs ayant repris leur train de sénateur après leur petit sprint. Les côtes sont trop lointaines pour que nous puissions les apercevoir mais nous avons pu voir dans le passage du détroit des îles de pur rocher doré. Sans un cocotier, pour changer.
Tout d'un coup l'écume s'est faite émeraude, l'eau qui nous entourait étant devenue de plus en plus verte du fait de particules fluorescentes très denses. Et la-dessus, cerises locales sur ce gâteau a la pistache, des milliers de grandes méduses blanches, colorées de vert ou de bleu selon leur profondeur.
Depuis que nous nous sommes rapprochés des côtes la mer s'est d'ailleurs bien peuplée. J'ai vu une grosse baleine et son jet d'eau, des bandes de cétacés divers faisant la course, et presque chaque jour des dauphins. Hier, dans la douceur du soir, il y en avait une centaine qui nous ont accompagnés un moment, ils faisaient les clowns en sautant très haut au-dessus de l'eau. Peut-être leur plaisir à nous voir est-il aussi grand que le nôtre à leur égard ?

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