A force de regarder l'eau de divers océans il m'est venu une idée, mais je ne sais plus laquelle... Heureusement j'avais pris des notes, alors je peux quand même vous en parler. C'est un concept nouveau je crois, en tous cas je n'en n'ai trouve mention nulle part, pas même dans l'excellent livre d'Hugo Verlomme, le "Guide des voyageurs en cargo", indispensable lecture pour quiconque envisage ce type de voyage, mais ne nous égarons pas...
C'est quoi, déjà, ce nouveau concept ? Ah oui, je m'en souviens, c'est celui de "Pensée Liquide". Selon moi, quand on regarde trop d'eau pendant trop longtemps, le contenu du cerveau (qui fonctionne, comme chacun le sait, par imitation) se liquéfie et se répand doucement par les nombreux trous de la base du crâne, trous précisément décrits dans l'ouvrage fondamental d'anatomie de Jules Rouvière en trois forts volumes chez J.B. Baillère, Paris 1892. Tous les nerfs et vaisseaux cérébraux passent par ces trous, alors pourquoi pas la pensée quand elle se liquéfie ? C'est ce qui se produit quand par imbibition la cervelle devient elle-même une petite partie du grand univers liquide dans lequel elle se trouve. Ce qui confirme le théorème d'Archimède selon lequel tout corps fragile plongé dans un liquide pesant quelques milliards de tonnes en ressort écrabouille.
Si cette théorie (laquelle, déjà ? Bon, cela me revient) se vérifiait, cela expliquerait pourquoi les passagers d'un cargo deviennent taciturnes. On croit généralement que c'est parce qu'ils ont acquis une grande sagesse en bourlinguant, en fait c'est parce que leur pensée s'est liquéfiée. S'ils ne parlent pas c'est tout simplement qu'ils n'ont plus rien à dire, derrière leurs yeux délavés il n'y a plus que les fantômes des immenses océans vides et des flots moutonnant à l'infini...
De quoi je voulais vous parler, au fait ? Il faudrait que je retrouve mes notes mais je ne sais plus ou je les ai mises.
mardi 24 février 2009
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1 commentaire:
Bonjour,
Je trouvais que depuis Rabaul votre style était devenu plus poétique, les paysages et les situations rencontrés étaient magnifiés par vos pensées et un surcroît d'intériorité. De la à imaginer cette lente liquéfaction !
Nous imaginons aussi à votre description des comportements des passagers du cargo quelle est désormais l'ambiance. J'ai l'impression que les 35 jours du retour seront fort solitaires !
Au fait - rien à voir - il faudra nous en dire plus au sujet de cet oeuf à la coque.
A bientôt,
Philéas
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