

Nous avons jeté l'ancre ! Nous sommes dans le port de Cristobal, grande baie protégée par des digues, antichambre du canal proprement dit. Une cinquantaine de bateaux, tous plus ou moins énormes et plus ou moins moches, les porte-conteneurs surtout, sont également en attente. Il y a aussi un très beau yacht, le Faucon Maltais basé a Monaco, l'un des plus luxueux et plus grands du monde (88 mètres, la moitié de notre cargo) qui va vers Tahiti. J'imagine qu'il pourrait être écrabouillé entre deux gros tankers qui ne s'en apercevraient même pas. Il semblerait que nous en ayons pour la journée à attendre notre tour de passer, de nuit sans doute. Mais comme c'est l'un des clous de notre périple, nul n'entend s'en abstraire, les cafetières vont ronfler. Le temps est variable, nuageux et lourd, très humide et bien chaud.
Il faut ajouter que sur ce canal je me sens un peu chez moi. Beaucoup de français, dont une partie de ma famille, avaient consacré à la fin du 19ème siècle une bonne part de leurs économies à la judicieuse acquisition (largement influencée par l'Etat et une presse corrompue) d'actions Panama. Mais comme ils étaient prudents et malins, du genre on-ne-nous-la-fait-pas, ils n'avaient pas tout placé dans ces actions, oh non, le reste avait été investi en emprunts russes. Un coup à l'ouest, et un coup a l'est... Alors plouf et replouf ! J'estime donc qu'une partie (certes infinitésimale) de cet ouvrage prodigieux fait partie de mon patrimoine.
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